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seroit abbatu, foulé au pieds des chevaux, sans sepulture, & Ferrand receu à Paris en grand pompe & triomphe apres la victoire. Mais il n’advint pas comme elle pensoit : parce qu’encor que le Roy fust abbatu, foulé aux pieds des chevaux, il ne mourut pas, mais triumpha à Paris de Ferrand, qu’il prit prisonnier. Voyla comme son sort damnable la deceut & trompa par un Entends-trois.

Qui fut semblable à celuy donné par l’oracle d’Appollon au Roy Crœsus, qui avoit envoyé demander s’il feroit la guerre à Cyrus Roy des Perses. Car l’Oracle donna response, que s’il entreprenoit la guerre contre iceluy, un grand Empire seroit subverty. Mais ce fut en fin celuz de ce Roy Crœsus & non le Cyrus, comme il avoit mal pris Autheur Herodote livre premier.

Le mesme Crœsus fut aussi, deceu par la responce d’un autre Oracle, qui luy fit entendre que son Royaume ne seroit jamais gaignée, que par un mulet : ce qu’estimant impossible, il fut trompé. Car Cyrus estant bastard, que les anciens & modernes appellent Mulet, luy fit sa reste (comme cy-dessus est dit) & entendoit d’un Mulet à quatre pieds, au lieu qu’il devoit entendre d’un Mulet a deux pieds.

C’est le propre des Demons par tous les Oracles, de faire des responces ainsi ambiguës, à ceux qui les interroguent, lesquels prenans selon leur affection icelles, les estiment soudain estre à leur advantage (comme chacun croit aisément ce qu’il se persuade) dont advient que tous sont ordinairement pipez, comme cestuy vulgaire.

Aio te Aeacida Romanos vincere posse.

Bodin en sa Demonamie, en recite un plaisant exemple d’un nommé Constantin, estimé sçavant en la Py-