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l’article premier stipulait que : « Le Gouvernement allemand reconnaît la pleine souveraineté de l’État fédéral autrichien dans l’esprit des déclarations faites le 21 mai 1935 par le Führer et Chancelier allemand ». Dès ce moment, des plans s’élaborèrent en vue d’une agression, violant ledit traité. Vers l’automne 1937, toute opposition notable à l’intérieur du Reich avait été écrasée. La préparation militaire pour une intervention en Autriche était virtuellement achevée. Un groupe influent de conspirateurs nazis rencontra le Führer le 5 novembre 1937 pour examiner la situation. Ils affirmèrent à nouveau que l’Allemagne nazie devait avoir son « Lebensraum » en Europe centrale. Ils reconnurent que pareille conquête rencontrerait probablement une résistance qu’il faudrait écraser par la force et que leur décision pourrait conduire à une guerre générale, mais ils acceptèrent cette éventualité comme un risque qui valait la peine d’être couru. De cette réunion sortirent trois plans possibles pour la conquête de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie. L’évolution de la situation politique et militaire en Europe déterminerait lequel des trois devait être appliqué. Ils considéraient que la conquête de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie procurerait au Reich, grâce à l’émigration obligatoire de deux millions de personnes de Tchécoslovaquie et d’un million de personnes d’Autriche, des ressources alimentaires pour cinq à six millions de personnes supplémentaires, qu’elle accroîtrait la puissance militaire du Reich en lui donnant des frontières plus courtes et plus faciles à défendre et qu’elle permettrait la constitution de douze nouvelles divisions. Ainsi, le plan dirigé contre l’Autriche et la Tchécoslovaquie ne constituait pas une fin en soi, dans l’esprit de ses auteurs, mais bien une mesure préparatoire en vue de nouvelles agressions prévues par la conspiration nazie.


b) Exécution du plan d’invasion de l’Autriche
(novembre 1937 - mars 1938).

Le 8 février 1938, Hitler convoqua le chancelier Schuschnigg à une conférence à Berchtesgaden. Au cours de leur réunion du 12 février 1938, sous la menace de l’invasion, Schuschnigg dut se résoudre à promettre une amnistie au profit de tous les nazis emprisonnés et à nommer des nazis comme ministres. Il s’engagea à observer le silence jusqu’au discours de Hitler en date du 20 février, au cours duquel l’indépendance de l’Autriche devait être réaffirmée. Mais Hitler, dans son discours, au lieu d’affirmer l’indépendance de l’Autriche, se proclama protecteur de tous les Allemands. Entre temps, en Autriche, les activités subversives des nazis s’amplifiaient. Le 9 mars 1938, Schuschnigg annonça pour le dimanche suivant un plébiscite sur la question de l’indépendance autrichienne. Le 11 mars,