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tandis que le Haut Commandement des Forces navales était assuré par Dönitz, que Hitler avait désigné comme son mandataire, tandis que le Haut Commandement des Forces armées était concentré entre les mains de Keitel, qui signa une grande partie des directives ordonnant l’extermination des prisonniers de guerre et des populations pacifiques des territoires occupés.

C’est la raison pour laquelle on ne saurait admettre la comparaison qui a été établie entre l’organisation allemande et le Haut Commandement militaire des puissances alliées. Dans un pays démocratique, aucun spécialiste militaire, digne de ce nom, ne poursuivrait en même temps l’étude de plans purement militaires et l’application de mesures de répression massives à l’égard de populations pacifiques, et ne sanctionnerait, d’avance, le traitement impitoyable et le massacre des prisonniers de guerre.

Pourtant, ce furent précisément les chefs supérieurs de l’État-Major général et de l’OKW fascistes qui s’occupèrent de ces questions. Il n’est pas seulement incontestable qu’ils aient commis de monstrueux crimes de guerre, crimes contre la Paix et crimes contre l’Humanité, mais encore ce fait est particulièrement souligné dans le jugement du Tribunal. Toutefois, on n’a pas tiré de ce fait les déductions qu’il comporte.

Il est dit dans le Jugement :

« Ils ont discrédité l’honorable métier militaire. Privées de la conduite de cette centaine de chefs de l’Armée, les visées agressives de Hitler et des autres nazis seraient restées théoriques et stériles. »

Et plus loin :

« Le monde doit savoir que beaucoup de ces hommes ont tourné en dérision le serment du soldat. Ils devaient obéir, disent-ils maintenant, lorsque cela convient à leur défense ; ils ont désobéi, disent-ils maintenant, lorsqu’il s’avère qu’ils étaient au courant des crimes brutaux de Hitler. La vérité est qu’ils ont pris une part active à ces crimes ou qu’ils ont gardé le silence, assistant à la perpétration de crimes commis dans les proportions les plus vastes et les plus effroyables que le monde ait jamais eu l’occasion de connaître. Ceci doit être dit »

Toutes ces affirmations contenues dans le Jugement sont équitables et fondées sur un grand nombre de preuves authentiques. Mais il n’est pas compréhensible que cette « centaine de chefs de l’Armée », qui a apporté tant de malheurs au monde et à son propre pays, n’ait pas été reconnue comme une organisation criminelle.

Le Jugement cherche sa justification dans des affirmations contraires aux faits réels, à savoir que :

a) Les crimes en question ont été accomplis par les membres de l’État-Major général et de l’OKW en tant qu’individus et non en tant que membres d’une organisation criminelle ;