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Schuschnigg et qu’ils soient investis de fonctions importantes dans le « Vaterländische Front », seul parti autorisé en Autriche. Le 1er septembre 1936, von Papen écrivit à Hitler pour l’avertir que certains adversaires du national-socialisme qui se trouvaient dans le ministère autrichien de la Sécurité freinaient l’infiltration des nazis dans le Gouvernement et pour lui recommander « d’intensifier peu à peu la pression exercée en vue d’obtenir un changement de régime ».

Le 4 février 1938, au moment où von Fritsch, von Blomberg et von Neurath étaient révoqués, von Papen fut informé qu’il était rappelé de son poste de ministre en Autriche. Il fit part à Hitler de ses regrets d’avoir été démis de ses fonctions alors qu’il avait essayé, depuis le mois de novembre 1937, d’amener Schuschnigg à rencontrer Hitler et que Schuschnigg s’était déclaré disposé à le faire. Suivant les instructions de Hitler, von Papen revint alors en Autriche et prépara la rencontre qui eut lieu à Berchtesgaden le 12 février 1938. Von Papen y accompagna Schuschnigg et donna à ce dernier, à la fin de l’entrevue, le conseil de céder aux demandes de Hitler. Le 10 mars 1938, Hitler ordonna à von Papen de rentrer à Berlin. Celui-ci se trouvait à la Chancellerie le 11 mars quand l’ordre d’occuper l’Autriche fut lancé. Il n’a pas été prouvé que von Papen était partisan de cette occupation par la force et il a affirmé à l’audience qu’il avait insisté auprès de Hitler pour qu’elle n’eût pas lieu.

Après l’annexion de l’Autriche, von Papen se retira de la vie publique et aucune preuve n’a été apportée qu’il ait dès lors pris une part quelconque à la politique. En avril 1939, il accepta le poste d’ambassadeur en Turquie, mais aucune preuve n’a été fournie au Tribunal tendant à établir que, pendant qu’il occupait ce poste, von Papen ait manifesté une activité permettant de l’impliquer dans des actes criminels.

Aucun doute ne peut subsister sur le fait que ses desseins, au cours de sa mission en Autriche, étaient de saper le régime de Schuschnigg, d’accroître la force des nazis autrichiens et d’arriver par ces moyens à l’Anschluss. Pour réaliser ce plan, il eut recours à la fois à des intrigues et à des manœuvres d’intimidation. Mais aux termes du Statut ces infractions à la morale politique, si graves soient-elles, ne constituent pas un crime. D’après le Statut, von Papen ne pourrait être considéré comme coupable que s’il avait participé à la préparation d’une guerre d’agression. Or, rien ne montre qu’il ait joué un rôle dans le plan général en vertu duquel l’occupation de l’Autriche n’était qu’une étape vers des opérations agressives ultérieures, voire même dans le plan consistant à occuper l’Autriche pour une guerre d’agression, si elle s’avérait nécessaire. Un doute subsiste donc sur ses véritables intentions et le véritable caractère de son activité ; en conséquence, le Tribunal ne peut retenir qu’il ait fait partie du plan concerté visé par le premier chef