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en raison de « son attitude générale durant la lutte décisive de la nation allemande ». Le 23 juillet 1944, Schacht fut arrêté par la Gestapo qui l’envoya dans un camp de concentration jusqu’à la fin de la guerre.

Il est évident que Schacht occupa une situation importante dans le programme de réarmement de l’Allemagne, et que les mesures qu’il prit, en particulier dans les premiers jours du régime nazi, ont causé l’ascension rapide de l’Allemagne nazie en tant que puissance militaire. Mais le réarmement, en lui-même, ne constitue pas un crime aux termes du Statut. Pour en faire un crime contre la Paix, aux termes de l’article 6 du Statut, il faudrait prouver que Schacht réalisa ce réarmement parce que cela faisait partie des plans faits par les nazis en vue d’une guerre d’agression.

Schacht a argué qu’il avait pris part au programme de réarmement seulement parce qu’il voulait construire une Allemagne forte et indépendante qui imposerait par sa politique étrangère autant de respect que les autres pays européens. Il a soutenu qu’il découvrit que les nazis réarmaient dans un but d’agression, et qu’à ce moment il essaya de ralentir la cadence du réarmement ; après la révocation de von Fritsch et de von Blomberg, il aurait pris part à l’élaboration de plans visant à se débarrasser de Hitler, d’abord en le renversant, puis en l’assassinant.

Pour des raisons financières, Schacht commença, dès 1936, à se déclarer en faveur d’une limitation du programme de réarmement. Si l’Allemagne avait adopté la politique que préconisait Schacht, elle n’aurait pas été en mesure de prendre part à une guerre européenne généralisée. L’insistance dont il faisait preuve pour défendre les méthodes qu’il préconisait amena sa révocation définitive de tous les postes économiques importants qu’il occupait en Allemagne. D’autre part, Schacht, grâce à sa connaissance approfondie des finances allemandes, était particulièrement à même de comprendre le sens véritable du réarmement frénétique entrepris par Hitler et de réaliser que la politique économique qui avait été adoptée n’avait qu’un seul but : la guerre. Schacht continua d’ailleurs à prendre part à la vie économique allemande et même, d’une façon accessoire, à certaines des premières agressions nazies. Avant l’occupation de l’Autriche, il établit le taux d’échange entre le mark et le schilling. Après cette occupation, il prit des dispositions pour incorporer la Banque nationale autrichienne à la Reichsbank, et prononça un discours faisant preuve de sentiments extrêmement nazis dans lequel il déclarait que la Reichsbank resterait nationale-socialiste aussi longtemps qu’il en ferait partie ; il y louait Hitler, défendait l’occupation de l’Autriche, tournait en dérision les critiques adressées à la manière dont elle avait été réalisée, et terminait par ces paroles : « Un triple Sieg Heil pour notre