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moi cent pour cent de la responsabilité… J’ai même vaincu les objections du Führer et conduit les choses jusqu’au bout ». Lors de l’annexion des Sudètes, il prépara, en tant que chef de la Luftwaffe, une offensive aérienne qui s’avéra d’ailleurs inutile, et, comme homme politique, il tranquillisa les Tchèques par de mensongères protestations d’amitié. Il a reconnu devant le Tribunal qu’au cours d’une conférence tenue avec Hitler et Hacha il avait, la nuit précédant l’invasion de la Tchécoslovaquie et l’annexion de la Bohême-Moravie, menacé de bombarder Prague, si le Président Hacha ne se soumettait pas.

Göring assista, le 23 mai 1939, à la réunion de la Chancellerie du Reich au cours de laquelle Hitler déclara à ses chefs militaires : « Il ne peut, par conséquent, être question d’épargner la Pologne ». Il assista aussi à la réunion du 22 août 1939 à Obersalzberg où Hitler distribua ses ordres. Il est prouvé qu’il a joué un rôle actif dans les manœuvres diplomatiques qui suivirent. De connivence avec le Chancelier du Reich et par l’intermédiaire de l’homme d’affaires suédois Dahlerus, il essaya, comme ce dernier en a témoigné devant le Tribunal, d’empêcher le Gouvernement britannique de tenir la promesse de garantie faite aux Polonais par ce gouvernement.

Il commanda la Luftwaffe lors de l’attaque de la Pologne et au cours des guerres d’agression ultérieures.

Même s’il est vrai, comme il l’a prétendu, qu’il s’est opposé aux plans de Hitler dirigés contre la Norvège et l’Union Soviétique, il n’est pas douteux qu’il le fit uniquement pour des raisons stratégiques. Lorsque Hitler eut pris sa décision, il le suivit sans hésiter. Il a explicitement déclaré, dans sa déposition, que ses différends avec Hitler n’ont jamais été d’ordre idéologique ou juridique. L’invasion de la Norvège le « mit en fureur », mais uniquement parce qu’on ne lui avait pas donné la possibilité de préparer l’offensive de la Luftwaffe. Il a reconnu qu’il avait approuvé le principe de cette agression : « Mon attitude était absolument favorable ». Il participa efficacement à la préparation et à l’exécution des campagnes de Yougoslavie et de Grèce, et il a déclaré que le plan d’attaque de la Grèce (dit « Plan Marita ») avait été préparé longtemps à l’avance. Il considérait l’Union Soviétique comme « la plus grande menace pour l’Allemagne », tout en estimant que, du point de vue militaire, une attaque immédiate ne s’imposait pas. En fait, sa seule objection à une guerre d’agression contre l’URSS portait sur le choix du moment ; pour des raisons d’ordre stratégique, il aurait voulu attendre que l’Angleterre fût conquise : « Mon point de vue, a-t-il déclaré dans sa déposition, n’a été déterminé que par des considérations militaires et politiques. »