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étaient remplies les unes après les autres. Les cris des femmes et des enfants, les claquements de fouets et les coups de fusil dominaient le tout. »

Graebe décrit ensuite l’exécution en masse de Dubno, le 5 octobre 1942 :

« Nous entendîmes ensuite une succession rapide de coups de fusil, tirés de derrière une des buttes de terre. Les personnes qui étaient descendues des camions, hommes, femmes et enfants de tous âges, durent se déshabiller sur l’ordre de SS munis de cravaches ou de fouets à chiens… Sans le moindre cri, sans le moindre pleur, ces personnes se déshabillèrent, se rassemblèrent par familles, s’embrassèrent mutuellement, se dirent adieu et attendirent les ordres d’un autre SS qui se tenait à côté du trou, avec, lui aussi, un fouet à la main… À ce moment, le premier SS cria quelque chose à son camarade. Ce dernier compta une vingtaine de personnes, les mit à part et leur dit de se placer derrière le tertre… Moi-même j’y allai et me trouvai devant une fosse horrible ; les corps étaient serrés les uns contre les autres et empilés de telle sorte que leurs têtes seules étaient visibles. Le trou était déjà plein aux deux-tiers ; d’après moi il contenait un millier de cadavres… Déjà le groupe suivant s’approchait, descendait dans le trou, se couchait sur les victimes précédentes et était fusillé. »

Ces crimes commis contre la population civile sont déjà effroyables, mais, en outre, les preuves montrent qu’en tous cas dans l’Est, les cruautés et les exécutions en masse ne furent pas commises seulement pour supprimer l’opposition et la résistance aux Forces d’occupation allemandes. Dans les territoires de Pologne et d’Union Soviétique, destinés à la colonisation allemande, ces crimes faisaient partie d’un plan conçu en vue de se débarrasser de toute la population indigène par l’expulsion ou l’extermination. Hitler en avait parlé dans Mein Kampf et ce plan apparut clairement lorsque Himmler écrivit, en juillet 1942 :

« Ce n’est pas notre tâche de germaniser l’Est, en donnant au mot « germaniser » son vieux sens, qui est d’enseigner aux populations la langue et le droit allemands, mais nous devons veiller à ce qu’il n’y ait, dans l’Est, que des gens de race germanique pure. »

En août 1942, la politique, instaurée par Bormann pour les territoires de l’Est, fut résumée de la manière suivante par l’un des subordonnés de Rosenberg :

« Les Slaves doivent travailler pour nous. Dans le mesure où ils ne nous servent à rien, ils peuvent mourir. C’est pourquoi la vaccination obligatoire et les services médicaux allemands sont superflus. Il n’est pas souhaitable que les Slaves se reproduisent. »

Et c’est encore Himmler qui dit, en octobre 1943 :