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« Quand les armées allemandes envahirent l’URSS, j’étais le chef de l’Einsatzgruppe D, dans le secteur méridional. Pendant l’année où j’en eus le commandement, cet Einsatzgruppe liquida près de 90.000 hommes, femmes et enfants. La majorité de ces personnes étaient des Juifs, mais il se trouvait aussi, parmi eux, des fonctionnaires communistes. »

Un ordre, préparé par Jodl et donné par Keitel le 23 juillet 1941, portait ce qui suit :

« Vu l’étendue des territoires occupés de l’Est, les forces disponibles pour assurer la sécurité dans ces territoires ne suffiront que si toute résistance est punie, non par des poursuites judiciaires légales du coupable, mais par des mesures de terreur suffisantes pour enlever à la population toute envie de résister… Les commandants d’unités doivent pouvoir maintenir l’ordre en appliquant les mesures draconiennes appropriées. »

Les preuves ont montré que cet ordre fut exécuté impitoyablement dans les territoires occupés de l’Union Soviétique et de la Pologne. Le document, envoyé, en 1943, par le Commissaire du Reich pour les pays occupés de l’Est, à Rosenberg, donne une idée significative des mesures effectivement appliquées :

« Il doit être possible d’éviter les atrocités et d’enterrer ceux qui ont été exterminés. La méthode qui consiste à enfermer des hommes, des femmes et des enfants dans des granges et à incendier ensuite ces bâtiments ne semble pas être efficace dans la lutte contre les partisans, même si elle est souhaitable pour l’extermination de la population. Cette méthode n’est pas digne de la cause allemande et nuit gravement à notre réputation. »

Le Tribunal a eu connaissance de la déposition écrite de Hermann Graebe, en date du 10 novembre 1945, décrivant deux assassinats en masse auxquels il avait assisté. Il fut, de septembre 1941 à janvier 1944, directeur technique, à Spoldunow (Ukraine), de la succursale de la firme Joseph Jung de Solingen. Il décrit tout d’abord l’attaque dirigée contre le ghetto de Rowno :

« Les projecteurs électriques, qui avaient été montés tout autour du ghetto, furent alors allumés. Les SS et la Milice, par groupes de quatre à six, pénétrèrent, ou tout au moins essayèrent de pénétrer dans les maisons. Lorsque les portes et les fenêtres étaient fermées et que les habitants n’ouvraient pas en réponse aux coups frappés, les SS et la Milice brisaient les fenêtres, enfonçaient les portes avec des poutres et des leviers et pénétraient dans l’habitation. Les propriétaires étaient conduits dans la rue, dans la tenue où ils se trouvaient, sans que l’on s’occupât de savoir s’ils étaient habillés ou s’ils sortaient de leur lit… Les voitures