Page:TMI - Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international, vol. 1, 1947.djvu/260

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de sûreté et au SD et emmenées clandestinement en Allemagne pour y être jugées ou punies. Ce décret était signé par Keitel. Ces civils, une fois arrivés en Allemagne, n’avaient plus le droit d’envoyer de leurs nouvelles dans leur pays ni à leur famille. S’ils mouraient avant d’être jugés, leurs parents n’en étaient pas avisés ; on voulait ainsi susciter de l’anxiété dans l’esprit de leurs proches. Le motif de cet ordre ressort de la lettre de transmission de Keitel, en date du 12 décembre 1941 dans laquelle celui-ci déclare :

« Une intimidation efficace et durable ne peut être obtenue que par la peine capitale ou par des mesures empêchant la famille du criminel et la population de connaître le sort de ce dernier. En le transférant en Allemagne, on atteint ce but. »

Les personnes simplement soupçonnées de s’être opposées d’une manière quelconque à la politique des autorités d’occupation allemandes étaient elles-mêmes arrêtées et interrogées de la manière la plus odieuse par la Gestapo et le SD. Le 12 juin 1942, le chef de la Police de sûreté et du SD promulgua, par l’intermédiaire de Mueller, un ordre concernant les interrogatoires ; l’usage des méthodes du troisième degré était autorisé, non seulement pour arracher au prisonnier des aveux sur ses propres crimes, mais aussi dans les cas où une enquête préliminaire aurait indiqué qu’il était en mesure de fournir des renseignements importants, notamment sur des activités subversives. Cet ordre disposait :

« … Le troisième degré, dans ce cas, peut seulement être employé contre les communistes, les marxistes, les témoins de Jehovah, les saboteurs, les terroristes, les membres des mouvements de résistance, les agents parachutés, les éléments anti-sociaux, les réfractaires ou vagabonds polonais et soviétiques. Dans tous les autres cas, une autorisation préalable est nécessaire. Le troisième degré peut comprendre, suivant les circonstances, les mesures suivantes : alimentation réduite (pain et eau), couchette dure, cellule obscure, privation de sommeil, exercices épuisants, flagellation (au-dessus de vingt coups il faut consulter un médecin). »

Pour supprimer brutalement toute opposition à l’occupation allemande, on ne prit pas seulement des mesures sévères contre les individus soupçonnés d’appartenir à des groupements de résistance. Le 19 juillet 1944, le commandant de la SIPO et du SD, dans le district de Radom en Pologne, promulgua un ordre qui fut transmis par l’intermédiaire des chefs des SS et de la Police : dans tous les cas d’assassinats ou de tentatives d’assassinats d’Allemands, ou de destruction d’installations importantes par des saboteurs, devaient être fusillés, non seulement l’individu coupable, mais aussi ses proches du sexe masculin ; quant à ses parentes âgées de plus de seize ans, elles devaient être internées dans un camp de concentration.