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et les Pays-Bas à leur demander aide. Dans ces deux pays, la France et l’Angleterre jouissent de toutes les sympathies… Si l’armée française entre en Belgique afin de nous attaquer, il sera déjà trop tard pour nous. Nous devons les devancer… Le long des côtes anglaises, nous poserons des mines qu’on ne pourra pas enlever. Cette guerre de mines, menée avec l’aide de la Luftwaffe, nécessite une nouvelle base de départ. L’Angleterre ne peut pas vivre sans ses importations alors que nous pouvons assurer nous-mêmes notre subsistance. Si nous posons continuellement des mines le long des côtes anglaises, nous réduirons l’Angleterre à notre merci. Mais nous ne pouvons atteindre ce but que si nous occupons d’abord la Belgique et les Pays-Bas. Ma décision est irrévocable ; j’attaquerai la France et l’Angleterre au moment le plus propice et aussi rapidement que possible. La violation de la neutralité de la Belgique et des Pays-Bas ne signifie rien. Personne ne nous en demandera compte quand nous aurons vaincu. Nous ne procéderons pas à cette violation de neutralité aussi bêtement qu’en 1914. Si nous ne violons pas cette neutralité, l’Angleterre et la France le feront. Sans offensive, il est impossible de mener la guerre à une fin victorieuse. »

Le 10 mai 1940, les Forces armées allemandes envahissaient les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. Le même jour, les ambassadeurs d’Allemagne remettaient aux Gouvernements néerlandais et belge un mémoire où l’on prétendait que les armées britannique et française, avec le consentement de la Belgique et des Pays-Bas, se préparaient à traverser ces deux pays afin d’attaquer la Ruhr et où l’on tentait, par cet argument, de justifier l’invasion allemande. L’Allemagne assurait néanmoins les Pays-Bas et la Belgique que l’intégrité de leurs territoires et de leurs possessions serait respectée. Le même jour, un mémoire analogue fut remis au Gouvernement luxembourgeois.

Aucune preuve n’a été fournie au Tribunal pour étayer l’affirmation selon laquelle les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg auraient été envahis par l’Allemagne parce que l’Angleterre et la France avaient déjà projeté une occupation de ces pays. Il est vrai que les États-Majors britannique et français avaient collaboré à la préparation de certains projets d’opérations militaires devant se dérouler en Belgique et aux Pays-Bas, mais le but de ces projets était seulement de défendre ces pays dans le cas d’une attaque allemande.

Rien, en conséquence, ne peut justifier l’invasion de la Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg. Elle fut entreprise en application d’une politique élaborée et mûrie de longue date : elle constitue manifestement une guerre d’agression. La décision d’envahir ces pays fut prise à la seule fin de poursuivre les buts de la politique allemande d’agression.