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état-major spécial l’examen des questions militaires que soulevait cette campagne.

Le 27 janvier 1940, Keitel rédigea un mémorandum concernant les plans d’invasion de la Norvège. Le 28 février, Jodl notait dans son journal :

« Je proposai d’abord au Chef de l’OKW, et ensuite au Führer, que le « Cas Jaune » (c’est-à-dire l’opération contre les Pays-Bas) et l’« Exercice Weser », (c’est-à-dire l’opération contre la Norvège et le Danemark) fussent préparés de manière à être indépendants l’un de l’autre en ce qui concerne non seulement le moment choisi, mais aussi les forces employées. »

Le 1er mars, Hitler lança un ordre concernant l’« Exercice Weser » et contenant le passage suivant :

« Le développement de la situation en Scandinavie exige que soient faits tous les préparatifs en vue de l’occupation du Danemark et de la Norvège par une partie des Forces armées allemandes. Cette opération doit empêcher une intervention britannique en Scandinavie et dans la Baltique ; de plus, elle doit protéger notre source de minerai en Suède et donner à notre Marine et à notre Aviation une ligne de départ plus étendue contre la Grande-Bretagne… Le franchissement de la frontière danoise et le débarquement en Norvège doivent avoir lieu simultanément… Il est de la plus haute importance que les États scandinaves ainsi que les pays de l’Ouest soient surpris par nos mesures. »

Le 24 mars, les ordres d’opérations navales relatifs à l’« Exercice Weser » furent donnés et suivis le 30 mars par ceux de Dönitz, Commandant en chef de la flotte sous-marine. Le 9 avril 1940, les Forces allemandes envahissaient la Norvège et le Danemark.

Il ressort clairement de ce récit que, dès octobre 1939, la question de l’invasion de la Norvège était envisagée. La Défense a prétendu que l’Allemagne s’était vue obligée d’attaquer la Norvège pour prévenir un débarquement allié et que, par conséquent, ces opérations revêtaient un caractère préventif.

Il y a lieu de rappeler ici qu’une action préventive en territoire étranger ne se justifie que dans le cas d’« une nécessité pressante et urgente de défense, qui ne permet ni de choisir les moyens, ni de délibérer » (affaire Caroline, Moore’s Digest of International Law, II, 412). Il n’est pas possible de savoir exactement dans quelle mesure les milieux allemands influents s’attendaient à une occupation de la Norvège par les Alliés, Quisling estimait que ces derniers interviendraient en Norvège avec l’assentiment tacite du Gouvernement de ce pays. La Légation allemande à Oslo, contrairement à l’avis de son Attaché naval, ne partageait pas ce point de vue.

Selon le journal de guerre de l’État-Major allemand des opérations navales en date du 13 janvier 1940, le chef de cet État-Major