Page:TMI - Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international, vol. 1, 1947.djvu/231

Cette page a été validée par deux contributeurs.

neutralité de cette nature, le Gouvernement du Reich serait alors obligé de sauvegarder ses intérêts selon les exigences de la situation. »

Le 9 avril 1940, poursuivant l’exécution de son plan, l’Allemagne envahit la Norvège.

L’idée de cette campagne prit naissance, semble-t-il, dans l’esprit des accusés Raeder et Rosenberg. Le 3 octobre 1939, Raeder avait préparé un mémorandum sur « l’acquisition de bases en Norvège ». Parmi les questions discutées se trouvait celle-ci : « Est-il possible d’obtenir des bases par la force des armes et contre la volonté de la Norvège, s’il est impossible de le faire sans combattre ? » En dépit de ce projet agressif, l’Allemagne, trois jours plus tard, donna à la Norvège des assurances supplémentaires qui disaient notamment :

« L’Allemagne n’a jamais eu de conflits d’intérêt, ni même de différends avec les États nordiques et elle n’en a pas davantage à l’heure actuelle. »

Quelques jours après, Dönitz rédigea un mémoire traitant également de la question des bases norvégiennes et suggéra l’établissement d’un point d’appui à Trondhjeim ou d’un dépôt de carburants à Narvik. Au même moment, Raeder écrivit à ce sujet à l’amiral Karls qui lui fit remarquer l’intérêt qu’aurait l’Allemagne à occuper la côte norvégienne. Le 10 octobre, Raeder mit Hitler au courant des inconvénients qui résulteraient pour l’Allemagne d’une occupation de cette côte par les troupes britanniques. Pendant les mois d’octobre et de novembre, l’occupation éventuelle de la Norvège fit l’objet d’études menées par Raeder en collaboration avec « L’Organisation Rosenberg » ; cette dernière était le Bureau des Affaires étrangères du parti nazi et Rosenberg, en sa qualité de Reichsleiter, en avait la charge. Au début de décembre, Quisling, le traître norvégien notoire, se rendit à Berlin où il fut reçu par Rosenberg et Raeder, auxquels il soumit le plan d’un coup d’état en Norvège. Le 12 décembre, au cours d’une conférence tenue entre Hitler, Keitel, Jodl et l’État-Major naval, Raeder fit un rapport sur les projets dont Quisling lui avait fait part. Le 16 décembre, Hitler, en personne, s’entretint avec Quisling de ces questions. Dans le compte rendu des activités du Bureau des Affaires étrangères du parti nazi concernant la période 1933-1943, il est dit, sous le titre « Préparations politiques pour l’occupation militaire de la Norvège », que, lors de son entrevue avec Quisling, Hitler déclara qu’il préférerait que la Norvège observât comme toute la Scandinavie une attitude de neutralité, car il ne désirait pas étendre le théâtre de la guerre ou entraîner d’autres nations dans le conflit. Mais si l’ennemi étendait le champ des opérations, Hitler serait obligé de se défendre contre cette entreprise. Enfin, il promit son appui financier et confia à un