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pris précédemment à son égard. Cet accord, ainsi que le manque d’empressement manifesté par Mussolini à participer à la guerre aux côtés de l’Allemagne, fit momentanément hésiter Hitler. L’invasion de la Pologne qui devait commencer le 26 août fut retardée jusqu’à ce qu’une autre tentative eût été faite pour persuader la Grande-Bretagne de ne pas intervenir. Hitler lui ayant proposé de conclure une entente, une fois la question polonaise réglée, le Gouvernement du Royaume-Uni proposa, en réponse, de trancher le désaccord polonais par des négociations. Le 29 août, Hitler fit savoir à l’Ambassadeur britannique que le Gouvernement allemand, bien que sceptique quant au résultat, serait prêt à entrer en pourparlers directs avec un envoyé polonais à condition qu’il se présentât à Berlin, muni de pleins pouvoirs, le lendemain 30 août avant minuit. Le Gouvernement polonais fut informé de cette proposition mais, ayant en mémoire l’exemple de Schuschnigg et celui de Hacha, il décida de ne pas envoyer cet émissaire. Le 30 août, à minuit, von Ribbentrop donna hâtivement à l’Ambassadeur britannique lecture d’un document formulant pour la première fois, avec précision, les exigences allemandes à l’égard de la Pologne. Il refusa de remettre à ce diplomate une copie du document et déclara que, de toutes façons, il était d’ores et déjà trop tard, puisqu’aucun plénipotentiaire polonais n’était encore arrivé.

Le Tribunal juge que la manière dont ces négociations ont été conduites par Hitler et par von Ribbentrop montre qu’elles étaient dénuées de bonne foi et ne témoignaient pas de leur désir de maintenir la paix, mais visaient uniquement à empêcher la Grande-Bretagne et la France de faire honneur à leurs engagements envers la Pologne.

De son côté, Göring essaya, en vain, d’isoler la Pologne, en persuadant la Grande-Bretagne de ne pas tenir sa parole et utilisa à cet effet les services du Suédois Birger Dahlerus. Ce dernier, que Göring a fait citer au Procès, connaissait parfaitement l’Angleterre et les questions anglaises. Au mois de juillet 1939, désireux d’améliorer les relations germano-britanniques et d’empêcher une guerre entre ces deux pays, il se mit en rapport avec Göring ainsi qu’avec certains milieux officiels de Londres ; pendant la dernière partie du mois d’août, il servit au Maréchal du Reich d’intermédiaire officieux chargé d’obtenir du Gouvernement britannique qu’il renonçât à s’opposer aux intentions allemandes à l’égard de la Pologne. Dahlerus ignorait, à cette époque la décision qu’avait prise Hitler et qu’il avait confidentiellement fait connaître le 22 août, et ne connaissait pas non plus les directives militaires existantes concernant l’attaque contre la Pologne. Comme il l’a reconnu à l’audience au cours de sa déposition, ce fut seulement le 26 septembre, après que la conquête de la Pologne eut été virtuellement terminée, qu’il se rendit comp-