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« Tout le monde devra se pénétrer de l’idée que nous sommes, dès le début, décidés à combattre les puissances de l’Ouest. C’est une lutte pour la vie ou la mort… Au premier plan, la destruction de la Pologne. Notre but est de supprimer des forces vivantes et non d’arriver à un certain point. Même si la guerre éclatait dans l’Ouest, notre but principal devrait être la destruction de la Pologne… Je donnerai une raison de propagande pour expliquer le déclenchement de la guerre. Qu’importe si elle est plausible ou non. On ne nous demandera pas, plus tard, lorsque nous aurons vaincu, si nous avons dit la vérité ou pas. Lorsqu’on déclenche ou qu’on poursuit une guerre, ce qui importe, ce n’est pas le droit, mais la victoire… Nous donnerons probablement samedi matin l’ordre de déclencher les hostilités. » (C’est-à-dire le 26 août.)

Bien qu’il soit censé se rapporter à un autre discours, ce document a suffisamment de points communs avec ceux qu’on vient de citer pour qu’il ait trait vraisemblablement au même exposé dont il contient la substance, sinon les détails.

Ces trois documents établissent que, à l’anéantissement de la Pologne décidé antérieurement, Hitler n’assigna une date définitive que peu de temps avant le 22 août 1939. Ils montrent aussi que, malgré son espoir d’éviter un conflit avec la Grande-Bretagne et la France, Hitler savait parfaitement qu’il courait ce risque, mais il était décidé à l’accepter.

Les événements des derniers jours d’août confirment cette détermination. Le 22 août, le jour même où fut prononcé le discours qu’on vient de mentionner, le Premier Ministre britannique écrivit à Hitler une lettre dont on peut extraire ce passage :

« Ayant ainsi clairement indiqué notre attitude, je tiens à vous répéter ma conviction qu’une guerre entre nos deux peuples serait la plus grande des calamités qui pourrait se produire.»

Hitler répondit le 23 août :

« La question d’un règlement pacifique des problèmes européens ne dépend pas de l’Allemagne, mais surtout de ceux qui, depuis le criminel Traité de Versailles, se sont obstinément et constamment opposés à une révision pacifique de ce Traité. Ce n’est que lorsqu’il se produira un revirement dans la mentalité des puissances responsables qu’il pourra y avoir un changement réel dans les relations entre l’Angleterre et l’Allemagne. »

Il s’ensuivit de nombreux appels à Hitler tendant à le dissuader de résoudre la question polonaise par la guerre. Ils furent notamment lancés par le Président Roosevelt, le 24 et le 25 août, par Sa Sainteté le Pape, le 24 et le 31 août, et par M. Daladier, Président du Conseil français, le 26 août. Ces appels furent vains.

Le 25 août, la Grande-Bretagne signa avec la Pologne un pacte d’assistance mutuelle, renforçant l’engagement qu’elle avait déjà