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Le procédé consistant à rassurer la Tchécoslovaquie pendant que s’opérait l’annexion de l’Autriche était une manœuvre caractéristique de l’accusé Göring. Il devait la renouveler par la suite à propos de la Pologne que tous ses efforts tendirent à isoler à la veille du conflit. À la même date du 12 mars, l’accusé von Neurath s’entretint avec M. Mastny et l’assura, au nom de Hitler, de ce que l’Allemagne se considérait toujours comme liée par la Convention d’arbitrage germano-tchèque conclue à Locarno en octobre 1925.

Il est prouvé qu’après l’occupation de l’Autriche par l’armée allemande, le 12 mars, et son annexion le 13, Conrad Henlein, alors chef du parti allemand des Sudètes en Tchécoslovaquie, eut une entrevue avec Hitler à Berlin le 28 du même mois. Le lendemain, dans la même ville, lors d’une conférence à laquelle assistaient von Kibbentrop et Henlein, la situation générale fut discutée et l’accusé Jodl nota plus tard dans son journal :

« Après l’annexion de l’Autriche, le Führer estime qu’il n’est pas urgent de résoudre la question tchèque car il faut d’abord digérer l’Autriche. Il faudra néanmoins que les préparatifs du « Cas Vert » (c’est-à-dire le plan contre la Tchécoslovaquie) soient faits énergiquement ; il faudra les refaire d’après un plan nouveau fondé sur le changement de la position stratégique dû à l’annexion de l’Autriche. »

Le 21 avril 1938 eut lieu entre Hitler et Keitel, au sujet du « Cas Vert », un échange de vues d’où il résulte clairement que les préparatifs d’attaque contre la Tchécoslovaquie étaient sérieusement mis à l’étude. Le 28 mai 1938, Hitler ordonna de préparer pour la date approximative du 2 octobre, une action militaire contre la Tchécoslovaquie, dont le projet d’invasion fut dès lors constamment à l’étude. Le 30 mai 1938, une ordonnance signée de Hitler exprima sa « décision irrévocable d’écraser militairement la Tchécoslovaquie dans un proche avenir ».

En juin 1938, comme le montre un document saisi dans les dossiers du SD à Berlin, un projet détaillé de l’emploi de ces formations en Tchécoslovaquie avait été préparé. Ce projet prévoyait que le « SD devait suivre, si possible immédiatement, les troupes d’avant-garde, et se charger des mêmes tâches qu’en Allemagne… »

Des fonctionnaires de la Gestapo furent désignés pour coopérer avec le SD. Des agents spéciaux devaient être entraînés à la lutte contre le sabotage et prévenus « à temps avant l’attaque… afin de pouvoir se cacher et éviter arrestations et déportations… »

« Il faut s’attendre, au début, à des guérillas et des combats de partisans ; c’est pourquoi il nous faut des armes. »

Des dossiers de renseignements devaient être établis et porter des mentions telles que : « À arrêter», « À liquider», « À confisquer », « À priver de passeport », etc.