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l’acquisition du « Lebensraum » ; de nouvelles et nombreuses divisions de combattants entraînés étaient acquises et, par la saisie des réserves de devises étrangères, la réalisation du programme de réarmement allait se trouver grandement facilitée.

Le 21 mai 1935, Hitler annonça au Reichstag que l’Allemagne ne se proposait pas d’attaquer l’Autriche ou même de s’immiscer dans sa politique intérieure. Le 1er mai 1936 il proclama publiquement ses intentions pacifiques tant à l’égard de l’Autriche que de la Tchécoslovaquie ; le 11 juillet 1936, il reconnut encore, par un traité, la souveraineté de l’Autriche dont l’Allemagne s’empara finalement au cours du mois de mars 1938. Longtemps avant cette date, les nationaux-socialistes d’Allemagne et d’Autriche avaient coopéré en vue de la réunion de cette dernière au Reich allemand. Le putsch du 25 juillet 1934, qui entraîna l’assassinat du Chancelier Dollfuss, tendait déjà à ce résultat ; mais le putsch échoua et fut suivi de la mise hors la loi en Autriche du parti national-socialiste. Le 11 juillet 1936 fut conclu entre les deux pays un accord dont l’article premier stipulait :

« Le Gouvernement allemand reconnaît, dans l’esprit des déclarations que le Führer Chancelier a faites le 21 mai 1935, la souveraineté de l’État fédéral d’Autriche. »

L’article 2 était rédigé comme suit :

« Chacun des deux Gouvernements considère l’ordre politique intérieur (y compris la question du national-socialisme autrichien), tel qu’il existe dans l’autre pays, comme une question relevant de la souveraineté dudit pays, sur laquelle il ne cherchera ni directement ni indirectement à exercer une influence. »

Le mouvement national-socialiste en Autriche poursuivit cependant en secret son activité illégale : les nationaux-socialistes d’Allemagne apportèrent au parti nazi autrichien leur aide et les « incidents » qui en résultèrent leur servirent de prétexte pour se mêler aux affaires autrichiennes. Après la conférence du 5 novembre 1937, ces « incidents » se multiplièrent. Les relations se tendirent peu à peu entre les deux pays et le Chancelier d’Autriche Schuschnigg fut incité, notamment par l’accusé von Papen, à avoir une entrevue avec Hitler. Cette entrevue eut lieu à Berchtesgaden le 12 février 1938. L’accusé Keitel y assistait et Hitler menaça Schuschnigg d’envahir immédiatement l’Autriche. Schuschnigg accepta d’accorder l’amnistie politique à différents nazis condamnés pour leur activité et de nommer Seyss-Inquart au ministère de l’Intérieur et de la Sûreté avec droit de contrôle sur la Police. Le 9 mars 1938, essayant de sauvegarder la souveraineté de son pays, Schuschnigg décida qu’un plébiscite aurait lieu sur la question de l’indépendance autrichienne. Ce plébiscite fut fixé au 13 mars 1938. Deux jours plus tard, Hitler envoyait à Schuschnigg un ultimatum