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Il ajouta :

« L’annexion de ces deux États à l’Allemagne nous soulagerait considérablement du point de vue militaire comme du point de vue politique, étant donné qu’elle nous donnerait des frontières plus courtes et meilleures, qu’elle libérerait des combattants qu’on pourrait employer à d’autres fins, et qu’elle nous permettrait de reconstituer de nouvelles armées qui pourraient se monter à une force d’environ douze divisions. »

Cette décision de s’emparer de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie fut pesée dans ses moindres détails ; l’opération devait être entreprise dès qu’une occasion favorable se présenterait.

La force militaire que l’Allemagne avait mise sur pied depuis 1933 allait maintenant être dirigée contre l’Autriche et la Tchécoslovaquie.

L’accusé Göring a déclaré qu’il ne croyait pas à cette époque que Hitler pensât vraiment attaquer l’Autriche et la Tchécoslovaquie et que la conférence avait seulement pour objet d’exercer une pression sur von Fritsch pour hâter le réarmement.

L’accusé Raeder a déclaré que ni lui-même, ni von Fritsch, ni von Blomberg, ne croyaient que Hitler voulait vraiment la guerre, et Raeder prétend qu’il en demeura persuadé jusqu’au 22 août 1939. Cette conviction était fondée sur l’espoir que Hitler parviendrait à une « solution politique » du problème allemand. Mais tout cela signifie, quand on y regarde de plus près, que la position de l’Allemagne était jugée si forte et sa puissance militaire si écrasante que les territoires convoités pourraient être acquis sans combat. On doit aussi se rappeler que les intentions manifestées par Hitler à l’égard de l’Autriche furent en fait réalisées quatre mois après la conférence, que, moins d’un an après, la première partie de la Tchécoslovaquie fut conquise et que la Bohême et la Moravie le furent à leur tour quelques mois plus tard. Si, en novembre 1937, quelques doutes demeuraient encore dans l’esprit de ses auditeurs, il ne pouvait plus en subsister après le mois de mars 1939 quant à la volonté arrêtée de Hitler de recourir à la guerre. Le Tribunal estime que la réunion dont il s’agit a été fidèlement relatée par le lieutenant-colonel Hossbach et que ceux qui y étaient présents ont su parfaitement que l’Autriche et la Tchécoslovaquie seraient annexées par l’Allemagne à la première occasion.


L’ANNEXION DE L’AUTRICHE.

L’invasion de l’Autriche ne fut qu’un premier pas dans l’exécution du plan général d’agression. Elle eut pour résultat l’affermissement des frontières allemandes et l’affaiblissement de celles de la Tchécoslovaquie. Une première étape était ainsi franchie dans