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Dans cette réorganisation de la vie économique de l’Allemagne à des fins militaires, le Gouvernement nazi trouva l’industrie d’armement allemande toute prête à apporter sa coopération et à jouer son rôle dans le programme de réarmement. En avril 1933, Gustav Krupp von Bohlen soumit à Hitler, au nom de l’Association de l’industrie allemande, un plan pour la réorganisation de celle-ci ; ce plan, déclara-t-il, était caractérisé par le désir de coordonner les mesures économiques et les nécessités politiques. Dans ce plan, Krupp inséra ce qui suit : « La tournure des événements politiques concorde avec les désirs que moi-même et le Conseil d’administration avons nourris pendant longtemps ». Ce qu’il voulait dire par cette affirmation apparaît clairement dans le brouillon d’un discours qu’il projetait de faire à l’Université de Berlin en janvier 1944, mais qui en fait ne fut jamais prononcé. Se référant aux années 1919-1933, il écrivait : « C’est le grand mérite de l’économie de guerre allemande entière de n’être pas restée oisive pendant ces mauvaises années, même si pour des raisons évidentes son activité n’a pu être étalée au grand jour. Pendant ces années de travail secret, furent posées les bases scientifiques et essentielles permettant de travailler à nouveau pour les Forces armées allemandes, d’une seconde à l’autre et sans tâtonnements, à l’heure voulue. Ce ne fut que grâce à l’activité secrète entreprise par l’Allemagne, de même qu’à l’expérience acquise dans la production du temps de paix, que l’on put, après 1933, se mettre au niveau des nouvelles tâches qui s’imposaient et qui devaient refaire de l’Allemagne une puissance militaire ».

En octobre 1933, l’Allemagne se retira de la Conférence internationale du Désarmement et de la Société des Nations. En 1935, le Gouvernement nazi décida de prendre ouvertement les premières mesures qui libéreraient le pays des obligations que lui imposait le Traité de Versailles. Le 10 mars 1935, Göring annonça que l’Allemagne reconstituait une force aérienne militaire. Six jours après, le 16 mars 1935, fut promulguée une loi qui, signée notamment par les accusés Göring, Hess, Frank, Frick, Schacht et von Neurath, instituait le service militaire obligatoire et mettait sur pied une armée dont l’effectif était de cinq cent mille hommes en temps de paix. Essayant toutefois de rassurer l’opinion publique des pays étrangers, le Gouvernement annonça, le 21 mai 1935, que l’Allemagne, malgré la dénonciation des clauses de désarmement, respecterait les limitations territoriales du Traité de Versailles et se soumettrait aux prescriptions des Pactes de Locarno. C’est le jour même de cette déclaration que la « Loi de défense du Reich » fut promulguée ; Hitler en interdit la publication. Les pouvoirs et obligations du Chancelier et des Ministres au cas d’une entrée en guerre éventuelle de l’Allemagne y étaient déterminés. Cette loi prouve