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L’Allemagne avait accepté la dictature avec les méthodes de terreur qu’elle comporte et le mépris qu’elle professe pour les règles du Droit.

En dehors de cette politique de suppression des adversaires éventuels du régime, le Gouvernement nazi s’employa activement à consolider son autorité sur le peuple allemand. Dans le domaine de l’éducation on fit tout pour que la jeunesse allemande fût élevée dans l’atmosphère du national-socialisme et sous l’influence de ses théories. Dès le 7 avril 1933, la loi sur la réorganisation de la fonction publique avait permis au Gouvernement nazi de supprimer tous les « membres du corps enseignant dangereux et suspects » et cette mesure fut suivie d’un grand nombre d’autres, tendant à fournir aux écoles un personnel de confiance qui enseignerait aux enfants le credo national-socialiste. En même temps que sur l’influence de l’enseignement nazi pratiqué dans les écoles, les chefs du Parti comptaient sur l’organisation de la Jeunesse hitlérienne pour donner au régime l’appui des jeunes générations. L’accusé von Schirach, qui avait été chef de la jeunesse du Parti depuis 1931, fut nommé chef de la jeunesse du Reich en juin 1933. Bientôt toutes les organisations de jeunesse, à l’exception du mouvement catholique, furent dissoutes ou absorbées par la Jeunesse hitlérienne. Ce dernier groupement avait une organisation strictement militaire et, dès 1933, la Wehrmacht apporta sa collaboration en prenant la charge de l’entraînement militaire des jeunes gens.

Le Gouvernement nazi entreprit par une propagande intensive, de gagner la nation à sa politique. Il créa un certain nombre d’organismes chargés de contrôler et d’influencer la presse, la radio, le cinéma et les maisons d’éditions en Allemagne, et de diriger l’activité culturelle et artistique. Toutes ces organisations dépendaient du ministère de l’Information et de la Propagande dirigé par Goebbels, qui portait, en même temps que l’organisme correspondant du Parti et la Chambre de culture du Reich, l’ultime responsabilité de ce contrôle et de cette direction générale. Rosenberg joua un rôle capital dans la diffusion, au nom du Parti, des doctrines nationales-socialistes ; Fritzsche, en collaboration avec Goebbels, remplit le même rôle au nom de l’État.

On mit l’accent sur la mission suprême que dictaient au peuple allemand son sang nordique et sa pureté raciale, mission de commandement et de domination, et le terrain fut ainsi préparé pour faire accepter l’idée d’une hégémonie allemande sur le monde.

Grâce à une radio et une presse efficacement contrôlées, le peuple allemand, après 1933, fut soumis à une propagande accrue ; toute critique hostile, voire même toute critique quelle qu’elle fût, fut prohibée. L’indépendance du jugement, fondée sur la liberté de pensée, fut bannie.