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Fut-il jamais un mal comme le mien extrême ?
Je chéris Stilicon à l’égal de moi-même,
Et de cette tendresse où vole tout mon cœur,
Au seul Eucherius je partage l’ardeur.
Plein de ces sentiments, un revers effroyable
Me fait voir le fils mort, et le père coupable,
Et sa fatalité qu’on n’a su prévenir,
Quand j’ai l’un à pleurer, m’offre l’autre à punir.
Ô toi, dont la vertu toujours brillante et pure,
Presse mon amitié de venger ton injure,
D’un si cruel devoir daigne me dispenser,
Ou me donne du sang que je puisse verser.
Si c’est le criminel qui te doit satisfaire,
Je ne trouve à t’offrir que celui de ton père,
Et son crime à punir dans ton funeste sort,
Passe toute l’horreur où me plonge ta mort.
Ah, que n’a-t-on souffert qu’aux dépens de ma vie
Un coupable si cher assouvit son envie !
Ce revers eut peut-être été moins important,
Il vivroit satisfait, je serois mort content.
Cette triste grandeur, dont l’éclat me demeure,
Ne vaut pas l’embarras ni la mort que je pleure.
Mais où m’ont emporté ces regrets superflus,
Tandis que Stilicon…


Scène VIII


Honorius, Placidie, Marcellin, Lucile, suite.

MARCELLIN

Seigneur, il ne vit plus.
À peine est-il sorti, qu’ordonnant son supplice,
Jusqu’au bout, a-t-il dit, poussons notre injustice.