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Scène II


Placidie, Stilicon.

PLACIDIE

Quoi, d’un lâche imposteur on diffère l’arrêt ?
Est-ce ainsi que d’un fils vous prenez l’intérêt ?
Par un emportement à peine concevable
Vous semblez prévenir ce qui le rend coupable,
Et quand il s’offre jour à le croire innocent,
On ne remarque en vous qu’un zèle languissant.
De tous ceux que Felix a nommez pour complices
Aucun ne se confond par la peur des supplices.
Chacun séparément avec lui confronté
Fait voir à nier tout la même fermeté ;
Jamais Eucherius n’en souilla l’innocence,
Jamais de l’attentat ils n’eurent connoissance ;
Enfin aucun n’avoue, et tous également
Repoussent un forfait que leur vertu dément.
Pour tirer de Felix des clartés plus certaines
Pourquoi n’employer pas les tourments et les gênes ?
La voie est assez prompte, et les moyens aisés
De rendre ce qu’on doit aux autres accusez.
Que son rapport contre eux soit faux ou véritable,
De la mort de Zénon il est toujours coupable,
Et comme l’attentat à ce crime est uni,
Sans rien mettre en balance il doit être puni.
Si cette épreuve est juste, elle est due à ma gloire ;
On sait d’Eucherius ce que j’ai voulu croire,
Et l’on doit faire enfin connoître à l’empereur
Si le sang qui m’anime est sujet à l’erreur.

Stilicon

Madame, je n’attends qu’à presser sa justice
De vouloir de Felix ordonner le supplice ;