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Et crains-tu de rougir à voir ton empereur
Montrer plus de bonté que tu n’as de fureur ?

EUCHERIUS

Seigneur, je puis mourir, mais le sort qui m’opprime
Ne me sauroit contraindre à me charger d’un crime,
Et j’aime mieux d’un autre expier le forfait,
Qu’avouer en fuyant ce que je n’ai pas fait.

HONORIUS

Ô d’un cœur infidèle insupportable audace !
Tu trahis mes bienfaits pour te mettre en ma place,
Et quand je cherche à voir tes jours en sûreté,
Tu t’obstines encor à trahir ma bonté !


Scène VII


Honorius, Thermantie, Stilicon, Eucherius, Marcellin, suite.

HONORIUS

Viens m’aider, Stilicon, à forcer un coupable
De ne pas rendre seul sa perte inévitable.
Ton fils, ton lâche fils, après sa trahison,
Dédaigne encore de fuir quand j’ouvre sa prison.
Tire-le d’un péril qui n’a rien qui l’étonne,
Rends-toi maître des jours que l’ingrat m’abandonne,
Et de ces tristes lieux l’éloignant malgré lui,
D’un arrêt trop funeste épargne-moi l’ennui.

Stilicon

Moi, seigneur ? J’aurois l’âme assez lâche et perfide
Pour vouloir protéger un traître, un parricide ?
C’est mon fils, il est vrai, mais un crime si noir
étonnant la nature, en détruit le pouvoir.
Comme ce cœur sensible au bien de ma famille
Sur le trône avec joie a vu monter ma fille,