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ACTE III



Scène I


Honorius, Eucherius.

HONORIUS

Dissipe, Eucherius, dissipe ces alarmes.
Quand Zénon hautement prendroit enfin les armes,
Et qu’auteur d’un complot dont il te voit instruit,
Il voudroit par la force en recueillir le fruit,
D’un si hardi dessein quelle que fut la suite,
Je plaindrois mon malheur sans blâmer ta conduite,
Puis qu’un destin égal étoit à redouter
De l’aveugle chaleur qui l’eût fait arrêter.
À voir par cet éclat la trame découverte,
Soudain les conjurez eussent pressé ma perte,
Et précipitant tout, auroient jeté mes jours
Dans un péril plus grand que celui que je cours.
Tu m’en as épargné la triste certitude.

EUCHERIUS

La crainte à mon esprit en est toujours bien rude,
Et pour rester sans trouble en de tels attentats,
Le coup seul trop souvent fait connoître le bras.

HONORIUS

C’est dans la trahison un péril ordinaire ;
Mais nous le préviendrons par les soins de ton père,
Le voici qui déjà l’aura su détourner.