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Stilicon

Quoi, quand la trahison cherche à vous accabler,
Je le pourrois, seigneur, apprendre sans trembler ?
Theodose à mes soins commit votre jeunesse,
Et ce cœur a pour vous conçu tant de tendresse,
Que redoutant un coup dont j’ignore le bras,
Dans l’horreur du péril je ne me connois pas.
Le secret de Zénon me tient l’âme à la gêne ;
Vous aurez ordonné sans doute qu’on l’amène,
Et je crains pour cet ordre où vous vous assurez,
Que vous n’ayez choisi quelqu’un des conjurez.
Souvent pour mieux trahir le plus zélé peut feindre,
Enfin tout m’est suspect où je vois tout à craindre,
Et je plains votre sort si sans plus différer
Moi-même de Zénon je ne cours m’assurer.
Vos jours sont précieux, le péril est extrême,
Et je ne puis ici me fier qu’à moi-même.
Permettez donc, seigneur…

HONORIUS
l’embrassant

Ô prince trop heureux,
D’avoir dans sa disgrâce un ami généreux !
Que l’entreprise éclate aussitôt qu’elle est sue,
Ne m’abandonne point, et j’en crains peu l’issue ;
Ta vue est un secours qui m’en ôte l’effroi,
Et pour la renverser il me suffit de toi.
Mais en vain pour Zénon tu crains ce que j’ordonne ;
Vois celui qui paroît, veux-tu qu’on le soupçonne ?

Stilicon

Ah, seigneur.