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Et que du plus haut rang sa foi prenant l’appui,
N’eût rien à respecter entre les dieux et lui.

HONORIUS

Superbe, enfin craignez que ma juste colère…

PLACIDIE

J’abandonne mon sang s’il peut le satisfaire,
Seigneur, et vous pouvez, puisqu’il espère en vain,
Le venger par ma mort du refus de ma main ;
Mais portez la menace et le coup tout ensemble.
Un cœur né dans le trône ignore comme on tremble,
Et je souffrirai tout avant que me trahir
Jusqu’à prendre un époux qui me laisse obéir.

HONORIUS

Je vois ce qui vous perd ; la grandeur souveraine
Fait pour Eucherius votre plus forte haine.
Lui-même par excès de générosité
De votre ambition seconde la fierté.
Voyant tout votre cœur charmé du diadème,
Pour vous faire régner il se trahit soi-même,
Et si je l’en veux croire, un juste et prompt accord
Au trône d’Alaric élève votre sort.

PLACIDIE

Quoi, pour moi d’Alaric il presse l’hyménée ?

HONORIUS

Votre âme à cet appas s’est toute abandonnée,
Et de ce trône offert l’ambitieux espoir,
Séduisant vos désirs, corrompt votre devoir ;
Mais si de votre orgueil la chaleur inquiète
Cherche à vous affranchir du titre de sujette,
Ayant d’Eucherius à soutenir le choix,
À son amour trahi je sais ce que je dois ;
vous recevrez mon ordre.

PLACIDIE

il me faudra l’attendre,
Seigneur, mais cependant j’oserai vous apprendre
Qu’en vain par ses conseils il tâche à m’assurer
L’avantage d’un rang où j’ai droit d’aspirer.