Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/551

Cette page n’a pas encore été corrigée

Nous verrons, puisqu’enfin elle veut m’y contraindre,
Si qui m’ose braver peut n’avoir rien à craindre,
Et si, quand votre amour a mérité ma foi,
Mon exemple est pour elle une honteuse loi.
Qu’on la fasse venir.
Marcellin sort.

EUCHERIUS

Ah, que voulez-vous faire,
 
Seigneur ? Je ne suis plus un amant téméraire
Et de votre faveur le glorieux soutien
M’offre en vain une gloire où je ne prétends rien.
Ma raison sur mes sens a repris son empire,
Et dans l’heureux projet qu’à ma flamme elle inspire,
Loin que de son ardeur j’ose attendre aucun fruit…

HONORIUS

Non, non, Eucherius, ta vertu te séduit,
Et veut que je m’oppose à l’effort magnanime,
Qui d’un refus trop fier jette sur toi le crime.
J’autorisai ton choix, et pour le maintenir
Je dois vaincre l’orgueil qui cherche à t’en punir.

EUCHERIUS

Non, seigneur, mon amour avoit trop d’injustice,
Souffrez-en à ma gloire un noble sacrifice,
Et que l’empressement d’en rehausser l’éclat
L’immole tout entier au repos de l’état.
Après tant de combats dont les tristes alarmes
Tiennent Rome inquiète, et l’Italie en armes,
Le superbe Alaric formant d’autres projets,
Cherche votre alliance, et demande la paix.