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Tiens, vois, méchant ; approche, est-ce son caractère ?
Vous connoîtrez, Seigneur, ce billet de son Père.

OCHUS, lit

« J’ai sauvé Darius, mais sans aucun dessein
De le laisser maître de sa naissance.
La Princesse Amestris seule en a connoissance,
Et doit de Statira briguer pour lui la main.
Persans, acceptez-le pour Maître
Si jamais votre Roi consent à cet accord.
Le nom de Codoman qui déguise son sort
Vous le fera connoître. »

 
Tiribase.

MÉGABISE

Par quel fatal revers vois-je tout découvert ?
J’espère en Tiribase, et c’est lui qui me perd.
Ah Dieux ! Injustes dieux, dont l’indigne colère
Pour condamner le Fils fait revivre le Père,
Vous, qui sembliez m’offrir l’appui de mes forfaits,
J’en vais souffrir la peine, êtes-vous satisfaits !
Oui, je ne suis qu’un fourbe et le Ciel m’abandonne
Quand ton trépas conclu m’assuroit ta Couronne.
Venge, venge la Perse, et ces Dieux ennemis
Qui ne m’ont pas tenu ce qu’ils m’avoient promis,
Ces Dieux dont l’indulgence aux grands crimes propice
Tient le mien trop léger pour s’en rendre complice,
Leur secours est certain à qui n’ose en trembler,
Et pour en être digne il faut te ressembler.

OCHUS

Qu’on l’ôte de mes yeux, attendant que ma haine
Par l’arrêt qu’il mérite ait résolu sa peine.

DARIUS

Ah, Seigneur, si je puis…

MÉGABISE

Ne lui demande rien,
Au défaut de son sang j’abandonne le mien.