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Non, non, sur quelque appui qu’il s’ose mutiner,
Par la mort du coupable il le faut étonner.
Nous en verrons bientôt ralentir son audace.

DARIUS

De quoi que sa révolte aujourd’hui vous menace,
N’en craignez rien, Seigneur, nous saurons l’apaiser,
Et mon sang vous répond de ce qu’il peut oser.
Mais souvent la vengeance à qui la précipite…

OCHUS

Quoi, balancer encor la peine qu’il mérite ?
Craindre sous un faux nom un Fourbe déguisé ?
Je viens d’examiner ceux qui l’ont accusé,
Mais bien loin que pour Prince il se soit fait connoître
Ils l’ont cru sur sa foi de ce qu’il se dit être,
Et doutent qu’au besoin il pût justifier
Le secret qu’à leur zèle il sembla confier.

AMESTRIS

Comme un Prince s’assure au brillant caractère
Qui parle bien souvent quand il cherche à se taire,
Incapable d’agir par un lâche intérêt
Il croit que se nommant il prouve ce qu’il est ;
Non qu’après l’attentat dont le Ciel vous préserve,
On doive à Mégabise une foi sans réserve,
Mais si, quoi qu’à sa fourbe on ait droit d’imputer,
Darius paraissoit sans qu’on en pût douter ?

OCHUS

Ah, ne m’en parlez point, l’un de l’autre est complice,
Darius, Mégabise, il faut que tout périsse ;
Mais le sang pour son nom vous sait trop émouvoir,
Ce n’est qu’une imposture, et vous l’alliez savoir.