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DARIUS

Mon feu dans ce qu’il fait n’a point à balancer.

STATIRA

Qu’il prend pour sa conduite une injuste maxime !
En vous il tient vertu ce qu’il m’impute à crime ;
S’il me porte à l’oubli je l’en dois estimer,
Et quand je le préviens je ne sais point aimer.
Au moins par cet effort qui vous a pu surprendre
Je vous laissois le cœur que je voulois vous rendre,
Et mon devoir timide à se trop hasarder
N’engageoit pas ailleurs ce qu’il n’osoit garder.

DARIUS

Accusez Codoman de trahir ce qu’il aime,
Il trouve en ce reproche une douceur extrême,
Et pour vous l’expliquer, oyez jusqu’où ma foi
Porte les sentiments que vous avez de moi.
Sous un nom qui se rend la Perse favorable,
Mégabise s’est fait un illustre coupable,
Et j’espère être cru quand malgré cet abus
J’ose vous découvrir que je suis Darius.

STATIRA

Vous, Darius ?

DARIUS

Moi-même. Expliquez-vous.

DARIUS

Madame,
Doutant de mon destin vous doutez de ma flamme,
C’est d’un Roi malheureux que j’ai reçu le jour ;
Mais pour vous le prouver je n’ai que mon amour,
Son orgueil vous le dit, l’en tiendrez-vous croyable ?

STATIRA

Le Ciel seul rend d’imposture un Héros incapable,
Et contre Mégabise et tous ses Conjurés
Je vous crois Darius puisque vous l’assurez.
Mais pourquoi si longtemps un secret qui me blesse !