Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/517

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et devoir de mes jours presser le sacrifice
Sitôt que de son crime il l’auroit fait complice,
Son trop de politique a su me garantir.
Parle enfin, Ingrat, parle, et m’ose démentir.
Dis qu’un léger scrupule à ta perte m’engage,
Qu’Itapherne et Mitrane ont ignoré ta rage,
Et n’ont pu m’avertir que ton lâche attentat
A ligué contre moi les plus grands de l’État.

AMESTRIS

Puisque leur trahison à ma mort s’intéresse,
N’attends de Darius ni crainte ni foiblesse,
Sa vertu jusqu’au bout saura le soutenir,
Ils t’ont appris son crime, et tu peux l’en punir.

OCHUS

Vous le voyez, ma Sœur, si pour sa noire audace
Vous pouviez justement solliciter ma grâce.
L’aveu l’en charme encor, et loin de l’étouffer,
Dans l’horreur de son crime il cherche à triompher.
Vous ne dites plus rien, et demeurez surprise ?

AMESTRIS

Seigneur, que vous dirai-je après son entreprise ?
Mon cœur est en désordre, et mes vœux incertains
Font qu’en un même instant je souhaite, et je crains.

MÉGABISE

Aussi je l’avouerai ; je m’étonnois, Madame,
Que d’abord ma disgrâce eût pu toucher votre âme,
Et que de mon secret votre cœur averti
Avec tant de chaleur embrassât mon parti.
Faites gloire sitôt de la voir refroidie,
Du sort qui me veut perdre aidez la perfidie.
Darius n’en voit rien de plus rude à souffrir,
Et ne pouvant régner, il saura bien mourir.

OCHUS

Oui, perfide, il mourra, sans que je veuille apprendre
Si c’est un Imposteur qui cherche à nous surprendre.
Qu’il remplisse d’un Prince, ou dérobe le sort,
Je ne vois que sa rage à conspirer ma mort,