Je le sais, mais enfin le Ciel est équitable.
Est-ce que cet hymen en combat l’équité ?
Le succès t’apprendra si tu t’es trop flatté ;
À ta confusion Darius peut paroître.
Sais-tu qu’il est vivant ? Sais-tu qu’il est ton Maître ?
Il doit l’être s’il vit, mais dans un bruit si doux
En êtes-vous certaine, et le connoissez-vous ?
Non, mais je vais agir avecque tant d’adresse,
Que pour rompre un hymen qui t’acquiert la Princesse,
L’ayant su découvrir, il faudra peu d’effort
À rejeter sur lui la gloire de ton sort.
Mais son dessein connu rend sa perte certaine.
Je puis tout sur le Roi, ne t’en mets point en peine.
Mais quand de mes conseils il feroit peu d’état,
Le Peuple pour son nom a déjà fait éclat,
Et ne souffriroit pas qu’un choix illégitime,
Pour plaire à ton orgueil, t’en fît une victime.
Gardez ces sentiments, j’en suis si peu jaloux,
Que mon cœur sur ce point fait mêmes vœux que vous.
Je n’ai rien à prétendre où Darius aspire.
Tu penses me braver, et doutes qu’il respire ?
Ce zèle aura pour moi toujours mêmes appas.
Nous te verrons agir quand tu le connoîtras.
