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Maître de vos secrets, il va tout publier.

MÉGABISE

Tu croirois jusque-là qu’il se pût oublier ?
Malgré son désespoir il aime trop la gloire.
D’ailleurs, que diroit-il, que le Roi voulût croire ?
Comme il ne sait le nom d’aucun des Conjurés,
Ses projets contre moi seroient mal assurés,
Je puis tout démentir ; me pourra-t-il confondre ?

BAGOAS

Mais de ces Conjurés qui saura vous répondre ?
Surtout craignez Mitrane ; il voit qu’à regret
L’hymen de la Princesse, et murmure en secret.
Tout à l’heure avec moi son âme s’est ouverte,
Comme le Roi le hait, il en vouloit la perte,
Et ne s’est déclaré pour vous si hautement
Que dans l’indigne espoir d’un plein renversement.

MÉGABISE

Si pour m’oser trahir il a l’âme assez basse,
Cent illustres Amis soutiendront mon audace,
Et mon cœur du péril vainement combattu
Prenant le nom du Prince, en prendra la vertu.
Avecque tant d’éclat je la ferai paroître,
Que je démentirai le sang qui me fit naître.
Le Peuple sur ce nom déjà s’ose assembler,
Et le Roi dans ma perte aura lieu de trembler.
Mais je vois Amestris. L’importune surprise !


Scène VII


Amestris, Mégabise, Bagoas.

AMESTRIS

Et bien, le Ciel enfin couronne Mégabise ?
Il soumet à ses vœux le destin le plus doux ?

MÉGABISE

Il feroit trop pour moi, s’il faisoit moins pour vous ;