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Les tiens de Codoman ont mérité l’hommage ?

STATIRA

S’ils ont pu l’enhardir à vous faire un outrage,
J’en punirai, Seigneur, les criminels appas
Qui savent vous déplaire en ne déplaisant pas.
Sur l’éclat d’un grand nom qui rend sa gloire chère,
Il s’est permis sans doute un espoir téméraire,
Mais mon respect pour vous tient mes vœux trop bornés,
Pour approuver jamais ce que vous condamnez.

OCHUS

Si par une bassesse où l’amour te dispense
Tu n’eusses pas des siens avoué l’insolence,
Cet orgueil qui l’expose à toute ma rigueur
Serait encor un crime enfermé dans son coeur ;
Non qu’en te l’expliquant il ne t’ait abusée,
Je vois de quelle ardeur son âme est embrasée,
L’ingrat en veut au Trône, et n’aspire à ton choix
Que dans le doux espoir d’en acquérir les droits ;
Mais je sais les moyens d’arrêter tant d’audace.

STATIRA

Seigneur, dans votre esprit ce soupçon trouve place !
Quand sa haute valeur lui rendoit tout aisé,
Général de l’Armée, en a-t-il abusé ?
Dans l’Égypte où pour vous il traîna la victoire,
Son cœur de ses exploits ne voulut que la gloire,
Et si du Diadème il eût été jaloux,
N’eût-il pas fait pour lui ce qu’il y fit pour vous ?

OCHUS

D’un Ennemi suspect cette indigne défense
De ma flamme avec lui marque l’intelligence.
Tu l’as reçue, ingrate, au mépris de cent Rois
Dont ton hymen laissoit la Couronne à mon choix.
Tu te veux abaisser, j’y consens, mais n’espère
Ni grâce de ton Roi, ni bonté de ton Père.
Puisqu’il faut dans ton rang confondre un sort abject,
Il vaut mieux élever un fidèle Sujet.