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ACTE III



Scène I


Ochus, Oropaste.

OCHUS

Non, non, s’il m’a servi, si sa haute vaillance
A pu sur trois États étendre ma puissance,
L’ingrat s’abandonnant à l’espoir d’être Roi,
S’en destinoit l’empire, et n’a fait que pour soi.

OROPASTE

Seigneur, s’il m’est permis d’excuser son audace,
Elle n’a rien en soi qui ne mérite grâce,
Et comme sa vertu lui laisse peu d’égaux,
L’amour n’est pas un crime indigne d’un Héros.
Les plus grands cœurs cent fois s’en sont laissé surprendre.
Il a vu la Princesse, il n’a pu s’en défendre,
Et ce feu qu’a fait naître un mérite infini,
Par un plus doux refus pouvoit être puni.

OCHUS

Va, ne t’abuse point ; quoi qu’il montre de flamme,
N’en crois pas l’ardeur propre à bien remplir son âme,
Et que pour occuper des désirs si bouillants
Les transports de l’amour soient assez violents.
De son ambition la chaleur inquiète
Prend ce voile trompeur pour demeurer secrète ;
Le Trône est l’objet seul qui charme ses esprits,
Et pour en bien juger vois quel temps il a pris.
De ses vœux arrogants il m’explique l’audace
Quand le Cadusien d’un côté nous menace,
Et que d’un Imposteur le factieux éclat
Nous fait craindre de l’autre un funeste attentat.