Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/471

Cette page n’a pas encore été corrigée
OCHUS

L’intérêt de l’État presse cet hyménée ;
Mais pour en voir sans trouble éclater la journée,
Viens, qu’à ce nom fatal qu’on veut favoriser,
J’examine avec toi ce qu’il faut opposer.


Scène IV


Statira, Barsine

BARSINE

Madame, ou je me trompe, ou quoi que le Roi pense,
Son ordre n’aura rien dont Cléone s’offense,
Et ses désirs sans peine au devoir préparés…

STATIRA

Le cruel ordre ! Ah, Dieux !

BARSINE

Quoi, vous en soupirez !

STATIRA

Oui, Barsine, et l’orgueil où le sang m’autorise
A beau de ce soupir condamner la surprise,
Il a beau m’opposer tout l’éclat de mon rang ;
La foiblesse du cœur en communique au sang,
Et quelque âpre fierté qu’exige un Diadème,
J’en perds le souvenir quand je perds ce que j’aime.

BARSINE

Que me fait présumer ce sentiment jaloux ?
Codoman…

STATIRA

Ah, Barsine !

BARSINE

Et quoi, l’aimeriez-vous ?

STATIRA

Hélas ! Demandes-tu quel sentiment me touche
Quand mes yeux font pour toi l’office de ma bouche,