Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/465

Cette page n’a pas encore été corrigée
MÉGABISE

Mais ce n’est qu’un faux bruit qui le force à renaître,
Madame, et vous savez que ce Prince au berceau
Par un ordre secret rencontra son tombeau.

AMESTRIS

Et bien, s’il a péri par cet ordre barbare,
Sachons de ce grand nom quel Imposteur s’empare,
Il n’est point de succès qu’il ne pût espérer
Si pour lui Codoman osoit se déclarer.
De mille exploits fameux la vaste renommée
Dans tous ses intérêts feroit entrer l’Armée,
Et quoique sa vertu dût répondre de lui,
Je crains qu’à ce murmure il ne serve d’appui.
S’il est vrai qu’à me plaire un beau feu vous engage,
Tâchez à pénétrer le fond de son courage.
Adieu, j’attends par vous à me désabuser,
Il est trop votre Ami pour vous rien déguiser.


Scène II


Mégabise, Bogoas.

MÉGABISE

Oui, par de grands effets que tu ne peux attendre
Tu connoîtras bientôt ce que tu veux apprendre,
Et que dans son orgueil un grand cœur affermi
Croit trahir ce qu’il est s’il s’élève à demi.
Mes désirs vont au Trône, et pour m’y faire place
L’attentat n’offrant rien que leur fierté n’embrasse,
Les plus sanglants degrés, dans l’ardeur d’y monter,
N’ont rien d’assez affreux pour pouvoir m’arrêter.
À Bagoas qui entre.
As-tu vu nos Amis ? Sont-ils prêts à me suivre ?