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Et c’est pour l’éviter que mes sens divisés
Cherchent une clarté que vous me refusez.

MÉGABISE

Madame, ce soupçon dont je souffre l’outrage
Semble de mon amour désavouer l’hommage,
Et je doute qu’il plaise à la Sœur de mon Roi,
Quand elle veut douter de pouvoir tout sur moi.
Depuis que vos bontés par un aveu propice
En ont daigné souffrir le secret sacrifice,
À chaque occasion les Dieux me sont témoins
Que le soin de vous plaire a borné tous mes soins.
Jugez si cette amour ferme, ardente, sincère,
Cacheroit Darius à la Sœur de son Père,
Et s’il refuseroit d’exposer à vos yeux
Ce qui seroit resté d’un sang si précieux.

AMESTRIS

Comme l’on employa votre Père à l’épandre,
S’il l’avoit conservé, vous auriez pu l’apprendre,
Ou si quelque Imposteur cherche à s’en prévaloir,
Par conjecture au moins vous le pourriez savoir.
Ochus pour affermir un Trône acquis par crime,
Sans rien examiner en seroit sa victime,
Et pour sa sûreté, s’il peut le découvrir,
Imposteur, ou vrai Prince, il le fera périr ;
Mais la Nature en moi voudroit en vain se taire.
Si je suis Soeur d’Ochus, Darius fut mon Frère,
Et le Ciel de son Fils ayant sauvé les jours,
Pour le moins en secret je lui dois mon secours.
Non que si par la force, ainsi qu’on le soupçonne,
Il vouloit comme Aîné, reprendre la Couronne,
J’appuyasse un parti qui ne peut s’assurer
Sans répandre du sang que je devrois pleurer
Je voudrois seulement tâcher avec adresse
À lui faciliter l’hymen de la Princesse,
Et par l’heureux effet d’un accord glorieux
Remettre à Darius le bien de ses Aïeux.
Jugez si j’ai sujet de le vouloir connoître.