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Et par cent lâchetés l’abus de sa puissance
Ne le convainc que trop d’une fausse naissance.

HELVIE

Cependant j’avois tort de croire qu’un Tyran…

MARCIA

Sachons ce qu’il s’est fait, j’aperçois
FLAVIAN

HELVIE

On peut voir sans ses yeux ce qu’il faut qu’on en croie.


Scène V

II.
MARCIA
,
HELVIE
,
FLAVIAN
,
LUCIE

MARCIA

Venez-vous,
FLAVIAN
, achever notre joie ?

Le Tyran est-il mort ?

FLAVIAN

Oui, Madame, et sa main
A du salut de Rome avancé le dessein.
Voyant que du poison l’extrême violence
L’avoit de rien tenter réduit à l’impuissance,
Nous l’avions sur un lit malgré ses vains efforts
Abandonné sans crainte à ses derniers transports,
Quand par le désespoir ses forces ramassées
Lui souffrant d’expliquer l’horreur de ses pensées ;
Dieux, dont l’être n’est dû qu’à notre folle erreur,
A-t-il dit d’une voix qu’animoit la fureur,
Vains dieux, aveugles Dieux, dont la jalouse envie
Destinoit le poison pour la fin de ma vie,
Malgré vous jusqu’au bout je réglerai mon sort,
Et vous démentirai jusqu’au choix de ma mort.
L’a saisi d’un poignard, sa rage impatiente
Presse à coups redoublés la mort qu’il voit trop lente,