Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/448

Cette page n’a pas encore été corrigée
ÉLECTUS

Je cours joindre
LAETUS
, et voir ce qui s’y passe ;

Non que des plus mutins j’appréhende l’audace,
Mais de vos intérêts incessamment jaloux
Je ne puis les porter sans m’éloigner de vous,

Je vous laisse un moment dans l’entretien d’
HELVIE


Scène V

I.
MARCIA
,
HELVIE
,
LUCIE

HELVIE

Ma sœur,
COMMODE
enfin doit-il perdre la vie ?
ÉLECTUS
répond-il de ce qu’il entreprend ?
MARCIA

Ce que mes yeux ont vu m’en est un sûr garant.
Sous l’effort du poison cet empereur infâme
Déjà plein de foiblesse est prêt de rendre l’âme ;
Tout blasphémant de rage on le vient emporter.

HELVIE

Les Dieux pour Pertinax ont daigné m’écouter.
Par son seul intérêt je craignois la surprise.

MARCIA

Il ne sait rien encor de toute l’entreprise ?

HELVIE

Comme trop de vertu règle ce qu’il résout,
On attend le succès pour l’avertir de tout.

Dans le sort de
COMMODE
une forte tendresse

Malgré ses cruautés de tout temps l’intéresse,
Et quoique de sa haine il se tienne assuré,
Il n’eût vu qu’à regret que l’on eût conspiré.

MARCIA

Cent bienfaits autrefois reçus de Marc Aurèle
Lui donnent pour ce Fils la ferveur de ce zèle ;
Mais il peut aujourd’hui connoître son erreur,
C’est le sang de Faustine, et non d’un Empereur,