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MARCIA
Tu t’emportes en vain,

Tu n’es plus en pouvoir d’ordonner son supplice.
Apprends qu’en ce moment je suis Impératrice,

Et qu’à Rome
ÉLECTUS
voulant prouver sa foi,

T’a donné le poison qu’il a reçu de moi.
Vois par ce juste coup que je viens d’entreprendre
Ce qu’un règne pareil donneroit lieu d’attendre,
Puisqu’on n’en vit jamais de plus beaux, de plus grands,
Que ceux qui sont fondés sur la mort des Tyrans.

COMMODE

Je sens qu’il faut mourir, que pour servir ta rage
Les Dieux injustement trahissent leur ouvrage,
Ces Dieux qui jusqu’ici de mes crimes auteurs,
Ne les punissant pas, s’en sont faits protecteurs.
Au moins je meurs content d’avoir traité sans cesse
Leur foudre suspendu d’impuissante foiblesse,
Et quoi que de la vie on fasse un si grand bien,
J’aime à l’abandonner pour ne leur devoir rien.
Qu’on m’emporte d’ici.

MARCIA

Rendez-lui ce service
Aussi bien je craindrois de me voir sa complice,
Et que le désespoir d’expirer à mes yeux
Ne redoublât sa rage à blasphémer les Dieux.


Scène V

MARCIA
,
ÉLECTUS
,
LUCIE

MARCIA

Dans le bruit éclatant que cette mort va faire,

Allez, cher
ÉLECTUS
, vous êtes nécessaire.

Je sais bien que de Rome elle fait les souhaits,
Mais il faut empêcher le désordre au Palais.