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De mes profonds respects les vœux les plus soumis
Remplissent mal un soin à leur zèle commis.
Mon cœur se voit encor réduit à l’impuissance
De vous montrer assez ce qu’il sent, ce qu’il pense,
Et la secrète ardeur que pour vous il conçoit,
Le peut seule acquitter de tout ce qu’il vous doit ;
Mais d’un effet si noble elle sera suivie,

Qu’autant que Rome a droit de condamner
HELVIE

COMMODE

Ah, Madame, de grâce, accordez-moi ce point,
Pensez, croyez tout d’elle, et ne la nommez point.
À ce nom malgré moi je sens que je m’enflamme,
Qu’à ses premiers transports je rends toute mon âme,
Et que d’un juste effort secrètement gêné,
Je voudrois révoquer l’arrêt que j’ai donné.
Daignez à mon amour épargner ce supplice,
Votre destin est grand, souffrez qu’elle en jouisse,
Et ne rappelez point ce qu’en mon souvenir,
Sans blesser notre amour, je ne puis retenir.
Mais Dieux ! Quel accident tout à coup me menace ?
Quelle maligne humeur me fait sentir sa glace ?
Elle saisit mon cœur, en vain il la combat,
Ma force m’abandonne, et ma vigueur s’abat.

MARCIA

Ne craignez rien, Seigneur.

COMMODE

Ma foiblesse redouble,
Je tremble, je chancelle, et tout mon sang se trouble.

Soutiens-moi,
FLAVIAN
, ne m’abandonne pas.
MARCIA

À ce pieux office il prêtera son bras,
Et de vous obéir ne sait perdre l’envie,
Que quand vous le forcez de m’arracher la vie.

Vois ceci, vois,
COMMODE
 ; en connois-tu la main.

 Elle lui montre les Tablettes.

COMMODE
, à
FLAVIAN

Ah, traître, c’est ainsi…