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Dans les rudes assauts dont je souffrois l’atteinte
Peut-être en son triomphe elle a paru contrainte,
Et trop plein d’un transport qu’elle a su condamner,
En vous quittant trop tôt, je l’ai fait soupçonner.
Par ce haut et plein calme où vous voyez mon âme,
Jugez si ma retraite a bien servi ma flamme,
Et si de ce désordre entièrement remis,
J’aurai lieu de tenir ce que j’ai promis.

MARCIA

Seigneur, je me croirois aussi lâche qu’ingrate
Si j’osois résister à l’espoir qui me flatte,
Et malgré vos serments autoriser ma foi
À douter des bontés que vous avez pour moi.
À me favoriser toujours accoutumées,

ÉLECTUS
après vous me les a confirmées,

Et m’a fait assez voir dans vos ordres donnés
La pompe des honneurs que vous me destinez.

COMMODE

Quoi que de mes desseins il ait pu vous apprendre,
L’ordre qu’il a reçu les laisse mal comprendre.
Si pour notre hyménée il lui fait préparer
Tout ce que Rome doit aux soins de l’honorer,
Ces superbes dehors dont je la sollicite,
Ne sont qu’un foible essai de ce que je médite,
Et je les comblerai par un si digne prix
Que l’Univers entier en restera surpris.
C’est à quoi je m’apprête, et je veux que l’Histoire
Avecque tant d’éclat en consacre la gloire,
Que ce que de mon sort elle voudra marquer,

Sans nommer
MARCIA
ne le puisse expliquer.
MARCIA

Vous m’accablez, Seigneur, et mon âme confuse
Croit qu’en tant de faveurs un vain songe l’abuse,
Et présume si peu les pouvoirs mériter,
Qu’à moins de s’en convaincre elle en voudroit douter.
Aussi quoi que j’emploie à vous faire paroître
Avec quels sentiments je les veux reconnoître,