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Et de mille bienfaits le pressant souvenir
M’accuse d’être ingrat quand j’ose le punir.
Aussi dans sa fureur si pour le satisfaire
Ma tête eût seule été l’objet de sa colère,
J’atteste tous les Dieux qu’on m’auroit vu périr
Plutôt qu’à l’attentat j’eusse pu recourir ;
Mais à voir que sur vous sa rage ose s’étendre
Mon amour aussitôt a dû tout entreprendre,
Et toutefois, hélas, toujours infortuné,
Peut-être cet amour est encor soupçonné.

MARCIA

Juge mieux d’un transport que je crus légitime,
Je vois ton innocence en connoissant son crime,
Et tu me ferois tort si tu n’osois penser
Qu’aspirant à punir j’aime à récompenser.
Ta mort pour un Tyran lâchement résolue
Expose à mes regards ta vertu toute nue.
J’en sais pour ton amour l’inexorable loi,

Et si j’ai de
COMMODE
en vain… Mais je le vois

Scène IV

COMMODE
,
MARCIA
,
ÉLECTUS
,
FLAVIAN
,
LUCIE

COMMODE

Madame, enfin les Dieux par un bonheur suprême,
Pour mieux songer à vous, me rendent à moi-même.
Et chassent de mon cœur ces agitations
Qu’excitoient à l’envi deux fières passions.
L’amour et la colère avecque violence
Y pressoient tour à tour ma grâce et ma vengeance,
Et par l’une et par l’autre ardemment combattu,
Je n’ai pu qu’avec trouble employer ma vertu.