Si contre sa coutume un scrupule incertain
Lui faisoit refuser la Coupe de sa main ?
Non, non ; ne doutez point que sa fausse prudence
N’affecte jusqu’au bout la même confiance.
D’ailleurs, dans le Palais l’ordre est si bien donné,
Qu’il ne peut fuir le sort qu’il nous a destiné.
Rien ne nous laisse plus à craindre de surprise,
Le fer, quoi qu’il arrive, au défaut du poison,
D’un trop juste arrêt nous doit faire raison.
Scène II
Et bien, contre un Tyran que devons-nous attendre ?
La conspiration nous promet-elle effet ?
En viendrons-nous à bout ?
Madame, c’en est fait.
Loin que par quelque horreur de sa lâche vengeance
Jamais sa gratitude avec tant de bonté
Ne parut applaudir à ma fidélité.
Un plein calme en ses yeux déguisant son courage,
Il a pris sans soupçon le funeste breuvage.
À juger par sa joie, on eut dit que les Dieux
Lui montroient dans sa perte un destin glorieux,
Qu’à Rome, à vous, à tous, s’offrant en sacrifice,
Il faisoit sans contrainte un acte de justice,