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Et n’aurois jamais cru qu’une brutale envie

Lui fît dans tout son sang vouloir punir
HELVIE
 ;

Mais si cette union m’engage dans son sort,

Qu’a pu faire
ÉLECTUS
pour mériter la mort ?
LAETUS

Donnez-vous la raison pour règle à sa colère ?
Pressant votre hyménée il a su lui déplaire,
Et sans qu’il ait besoin de prétextes plus grands,
C’est mériter la mort que déplaire aux Tyrans.

MARCIA

Il me disoit bien que sa feinte clémence,
Nous déguisant son cœur, assuroit sa vengeance ;
Mais bien loin qu’il me fît redouter son courroux,
Je traitois ses avis d’un désespoir jaloux,
Et j’osois imputer à son amour extrême
D’envier à ma foi l’éclat du Diadème.
Cependant de ce feu toujours si mal traité
L’arrêt de son trépas montre la pureté ;
Ses conseils font son crime, et si par un faux zèle,

FLAVIAN
à son Maître eût craint d’être infidèle,

S’il n’en eût pas trahi les ordres inhumains,
Mon aveugle injustice achevoit ses desseins.

LAETUS

Dans le juste soupçon que l’Empereur pût feindre,
C’étoit le seul pour nous que je voyois à craindre.
Comme Chef de la Garde en pouvant disposer,
Sûr d’exécuter tout, il eût pu tout oser ;
Aussi prévoyant bien qu’à quelque âpre tempête
L’hymen de la Princesse exposeroit ma tête,

À l’insu de
COMMODE
un commerce secret

Me l’a fait voir Ami généreux et discret.
Par là, sur sa vertu prenant toute assurance,
De notre fier Tyran j’ai moins craint la vengeance ;
Et cru, quoi qu’il osât, que peu sans le trahir
Aux dépens de nos jours lui voudroient obéir.

MARCIA

C’est beaucoup que sa rage ait été découverte ;

Mais comme d’
ÉLECTUS
il a juré la perte,