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Sans voir, sans pénétrer qui me l’a suscitée,
L’avoir pu ressentir c’est l’avoir méritée,
Et je tiendrai mon sort et glorieux et doux
Si comme j’ai vécu je puis mourir pour vous.

COMMODE

Qu’avec tant de fureur, qu’avec tant d’insolence
L’orgueil à me braver hautement se dispense,
Qu’après mille bienfaits un traître… Ah, justes Dieux !
Leur crime sans horreur ne peut frapper mes yeux.
L’enfer n’a point de peine assez forte, assez rude…
Mais d’un transport aveugle où va la promptitude ?
Quoi que ce couple ingrat ait fait, ait projeté,
J’en suis le seul coupable, et j’ai tout mérité.

 À
MARCIA

Oui, Madame, c’est moi dont l’ardeur infidèle
Pour venger votre injure a corrompu leur zèle,
Et je me plains à tort qu’animés contre moi
Ils suivent mon exemple à me manquer de foi.

MARCIA

La foi des Souverains est d’une autre nature,
Ils la donnent par grâce, et l’ôtent sans injure,
Et malgré mon espoir vous avez pu, Seigneur…

COMMODE

Non, j’ai trop cru, Madame, un amour suborneur
Je rougis que son charme ait surpris mon courage ;
Il noircissoit ma gloire en vous faisant outrage,
Et ce n’est pas assez pour en purger mon choix
De vouloir m’acquitter de ce que je vous dois.
D’une coupable sœur à ma perte obstinée
Il faut à votre sort donner la destinée.

LAETUS
de ses appas n’a pu se garantir,

Ils veulent être unis, il faut y consentir.
Je vous les abandonne, et dans ce sacrifice
Ne remets qu’à demain à vous rendre justice.
Le trouble où ce succès m’a su précipiter
Pour calmer ses transports me force à vous quitter ;
Mais j’atteste les Dieux que rien n’est plus capable
D’altérer de ce cœur le décret immuable,