Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/433

Cette page n’a pas encore été corrigée

Dans un tel attentat qu’ai-je plus à connoître ?
L’un est déjà coupable, et l’autre le veut être,
Et tous deux à l’envi pour suprême bonheur
Du plus noir des forfaits se disputent l’honneur.
C’étoit là cette gloire et brillante et solide,
Ingrate, de m’oser préférer un perfide,
Un traître à qui mon cœur servant partout d’appui
N’a pu donner pour moi ce que j’ai pris pour lui ?
Va, n’appréhende plus que mon âme aveuglée
Te demande une foi lâchement violée,
T’aimer étoit un crime indigne de mon rang,
Et pour m’en voir punir j’abandonne mon sang.
Ose, ose le verser, je n’y mets plus d’obstacle,
Donne-toi la douceur d’un si charmant spectacle,
Mets en perçant mon sein ton entreprise à bout,
En l’état où je suis je t’avouerai de tout


Scène IV

COMMODE
,
MARCIA
,
HELVIE
,
LAETUS
,
FLAVIAN
,
LUCIE

MARCIA

Je ne viens point ici presser votre clémence
De combattre l’ardeur d’une juste vengeance,
Et de se signaler pour le pompeux éclat
Qui suivroit le pardon d’un indigne attentat.
Je viens, Seigneur, je viens pour nouvelle victime
Offrir à l’expier tout le sang qui m’anime,
Et réparer par là, puisqu’il est résolu,
Le coupable malheur de vous avoir déplu.
Il est juste, et la cause en vain m’en est suspecte,
C’est un ordre du Ciel qu’il faut que je respecte,
Lui qui des Souverains prend toujours l’intérêt,
Me souffrant votre haine, en a donné l’arrêt.