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ACTE IV



Scène I

COMMODE
,
FLAVIAN
, Suite de l’Empereur.
COMMODE

Vient-elle cette aimable et fière criminelle,
Qui te promettoit tout pour mieux tromper ton zèle,
Et n’a feint de céder à mon ardent amour,
Que pour prendre son temps à me priver du jour ?

FLAVIAN

On va vous l’amener, Seigneur ; mais j’appréhende
Que jusqu’à s’applaudir sa fureur ne s’étende,
Et que loin que son crime étonne sa fierté,
Elle n’ose à vos yeux en faire vanité.
Chacun tâche à l’envi de lui faire connoître
Qu’elle doit craindre en vous et son Juge et son Maître,
Qu’un peu d’abaissement peut tout pour son arrêt ;
On diroit à la voir qu’elle est sans intérêt.
Un sentiment obscur qu’un vif dédain enflamme
Étale dans ses yeux tout l’orgueil de son âme,
Elle en ose porter l’audace au plus haut point,
Et si vous m’en croyez, vous ne la verrez point.

COMMODE

D’abord surpris d’un coup si noir, si détestable,
Je n’ai pu la souffrir, cette ingrate coupable,
Mais dans ce que sur moi ma flamme a de pouvoir,
Tu me voudrois en vain détourner de la voir.
Qu’on la laisse venir ; il faut que cette vue
Détermine en ses vœux mon âme irrésolue,