Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/418

Cette page n’a pas encore été corrigée

Je dois à la Nature un effort si funeste ;
Promettez tout, les Dieux disposeront du reste.

FLAVIAN

Madame…

HELVIE

Allez, de grâce, et me laissez du moins
Dans un sort si cruel soupirer sans témoins.


Scène IV

HELVIE
,
JULIE

JULIE

Madame, ce triomphe obtenu sur vous-même
Sans doute auprès des Dieux sera d’un prix extrême,
Et contre votre espoir en obtiendra pour vous
Du plus heureux destin le revers le plus doux.

HELVIE

Que le mien s’adoucisse ! Hélas ! Que veux-tu croire ?

JULIE

Qu’à se faire obéir l’Empereur met sa gloire,
Et que se contentant de vaincre vos refus,
S’il voit vos vœux soumis, il ne pressera plus.

HELVIE

Que tu le connois mal d’en juger de la sorte !
Toujours dans un Tyran l’injustice l’emporte,

Et
COMMODE
l’est trop pour pouvoir consentir

Au plus foible remords d’un juste repentir.
De quel fatal effet sa rigueur est suivie !
Il m’ôte jusqu’au droit d’attenter sur ma vie,
Et quelques rudes maux qu’on m’apprête à souffrir
C’est un crime pour moi que de vouloir mourir.
Où me réduisez-vous, ô devoir, ô nature ?
De vos sévères lois mon cœur en vain murmure,
Il faut vivre en dépit de mon noble courroux.
Ô nature, ô devoir, où me réduisez-vous ?