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Madame, encore un coup, ce seul moment vous reste.
Gardez de le forcer à quelque ordre funeste,
Et sur vos sentiments faites assez d’effort
Pour bien user du droit de régler votre sort.

 

Scène II

COMMODE
,
HELVIE
,
FLAVIAN
,
JULIE
, Suite de l’Empereur.
COMMODE

Madame, à vos refus je viens ici moi-même
Abandonner encor l’honneur du Diadème,
Et soumettre au dédain qu’expliquent vos regards
L’impérieux orgueil du Trône des Césars.
Un tel aveu sans doute à votre humeur altière
Offre d’un beau triomphe une illustre matière,
Et c’est pour l’étaler aux yeux de l’Univers,
Que d’en pouvoir vanter le Maître dans vos fers.
Vous l’y voyez, Madame, et son amour profonde
Reçoit de vous les lois qu’il donne à tout le monde,
Vous forcez un pouvoir qu’il se crût conserver,
Et faites le destin de qui l’osa braver.
Oui, dans ce que je suis, ma volonté sans peine
En régloit jusqu’ici la balance incertaine,
Et la gloire d’un être approchant du divin
Permettoit à mes vœux le choix de mon destin.
Il n’en est plus ainsi, vous en êtes l’arbitre.
Par vous de Souverain je n’ai plus que le titre,
Et je fais vanité d’abaisser à vos pieds.
La fière Majesté du Trône où je m’assieds.
Vous pouvez de moi-même en rejeter l’hommage,
Mais songez que l’Amour est sensible à l’outrage,
Et qu’à se trop permettre on peut tout hasarder,
Quand l’Esclave qui prie a droit de commander.